*** La main tendue de Ségolène Royal aux centristes de François Bayrou est une nouveauté pour la France. Mais il est difficile de la comparer au processus de rapprochement entre la Marguerite, le parti centriste, et les Démocrates de gauche (DS, héritiers du PCI), qui, en Italie, doit aboutir à la naissance du Parti démocratique, futur parti unique du centre gauche, estime le politologue Marc Lazar, directeur de Sciences-Po Paris et fin connaisseur de l'Italie. Courrier international : Quelles similitudes ou quelles différences existe-t-il entre le rapprochement PS-UDF et la formation du Parti démocratique en Italie ?
MARC LAZAR Nous sommes, en fait, assez loin du cas italien, car, en Italie, l'alliance entre la Marguerite et les DS est le fruit d'un travail entamé il y a dix ans, avec la création de l'Olivier, qui s'est accompagnée d'une profonde transformation culturelle des deux partis. Il s'agit d'une alliance de centre gauche en bonne et due forme, bâtie contre la coalition de centre droit menée par "l'épouvantail" que représentait Silvio Berlusconi. Il s'agissait alors de construire un système bipolaire fondé sur l'opposition entre une coalition de centre gauche et une de centre droit. L'Olivier a ainsi contribué à la mise en place de ce système.
Les raisons de ces rapprochements sont-elles les mêmes ?
Pas exactement. Si, en effet, la Marguerite et les DS ont décidé de s'allier, c'est pour deux raisons : d'abord, ils pensent qu'ensemble ils peuvent attirer davantage d'électeurs que s'ils se présentent tout seuls (c'est ce que l'on appelle la "valeur ajoutée" du Parti démocratique) ; ensuite, les DS ont une hantise, c'est que les centristes des deux camps – des transfuges de l'ex-Démocratie chrétienne – ne reconstituent le centre. Pour cela, ils visent à arrimer les centristes à la gauche, afin de contrer toute tentation. En France, le rapprochement entre Bayrou et Royal apparaît pour le moment plutôt comme une manœuvre tactique, visant à isoler Nicolas Sarkozy. Il est trop tôt pour savoir s'il s'agit vraiment d'une profonde réforme du PS et du centre. Ensuite, contrairement à ce qui se passe en Italie entre la Marguerite et les DS, Bayrou ne vise pas à constituer le parti unique du centre gauche, mais à former un grand parti du centre. A cela il faut ajouter les fortes résistances à une alliance plus étroite au sein du PS, résistances qui risquent d'être encore plus fortes si Royal ne devait pas l'emporter. Enfin, le mode de scrutin législatif à la française, avec ses deux tours, tend à renforcer les deux partis principaux, au détriment des autres.
MARC LAZAR
Propos recueillis par Gian Paolo Accardo
Courrier International
3 mai 2007
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* Résultats du débat : Progression de Nicolas Sarkozy et recul de Mme Royal *
Sondage Opinion Way / LCI Le Figaro
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