***Le texte de libre-échange signé, jeudi, déclenche la colère des constructeurs automobiles européens.
Dans la course-poursuite à la conquête du marché sud-coréen, l'Europe s'apprête à coiffer les États-Unis sur le poteau. En concluant, jeudi, le plus ambitieux accord de libéralisation jamais négocié par l'Union européenne avec un pays développé, Bruxelles espère doubler le rival américain en rade depuis 2007.
L'accord paraphé, jeudi, par la commissaire au Commerce Catherine Ashton et le ministre sud-coréen Kim Jong-hoon pourrait entrer en vigueur avant celui négocié par l'Administration Bush, toujours retenu en otage par le Congrès. Un tel succès affermirait les positions du bloc européen qui a déjà dépassé Washington pour devenir, depuis 2005, le deuxième partenaire commercial de Séoul, derrière la Chine.
Négocié pied à pied depuis deux ans, cet accord commercial bilatéral pourrait générer jusqu'à 19 milliards d'euros d'exportations supplémentaires, assure la Commission. En épargnant 1,6 milliard de droits de douane aux entreprises européennes, il offrira des bénéfices dans l'agroalimentaire, notamment le vin ou la viande de porc, ou encore dans la pharmacie, la chimie fine ou les cosmétiques. Les services devraient rafler plus de la moitié des gains, grâce à des concessions plus importantes que celles arrachées par les États-Unis sur des secteurs comme les transports, l'environnement ou le conseil juridique.
Une mise en place «l'été prochain»
Cependant, les experts jugent «optimiste» le chiffre de la Commission, qui se fonde sur une étude conduite avant les négociations, et soulignent que les industriels coréens seront les grands gagnants de l'accord. Car en décrochant un accès privilégié au marché le plus riche du monde, les Hyundai, Kia, Samsung ou LG font frémir leurs concurrents japonais et européens. La libéralisation devrait conduire à 12,8 milliards d'euros d'exportations coréennes supplémentaires dont près de la moitié pour l'automobile, a calculé le sérieux Samsung Research Institute. Un constat amèrement dénoncé par les constructeurs et plusieurs commissaires européens.
Mais pour le président José Manuel Barroso, l'essentiel est ailleurs : il s'agit de placer l'Europe en pole position sur un des seuls marchés d'Asie à la fois développé et toujours en croissance. Et de pouvoir brandir un trophée politique personnel juste avant l'échéance de son premier mandat, en scellant le premier accord commercial conclu par l'Europe depuis huit ans. Un succès qui reste à transformer car le texte doit encore être ratifié par le Parlement européen et l'ensemble des 27 pays de l'Union, laissant la porte ouverte à des surprises. La secrétaire d'État au Commerce, Anne-Marie Idrac, mise sur une entrée en vigueur «l'été prochain», mais le lobby automobile pourrait contrarier ce calendrier.
Pour l'Europe, le temps presse. L'Administration américaine, qui n'a pas dit son dernier mot, va accélérer le pas pour défendre ses entreprises en Corée. Barack Obama se rendra à Séoul le mois prochain pour exiger des concessions en faveur des constructeurs automobiles américains. Avant de revenir à la charge auprès du Congrès pour arracher un feu vert avant l'entrée en vigueur du texte européen.
Sébastien Falletti,
Séoul
Le Figaro
16/10/2009
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