***Les chefs d'Etat et de gouvernement des Vingt-Sept ont plaidé à Bruxelles pour des «vols de retour communs» pour les clandestins.
Y aura-t-il bientôt des charters européens pour expulser les immigrants en situation irrégulière ? Vendredi, à Bruxelles, les chefs d'État et de gouvernement des Vingt-Sept ont demandé à la Commission d'examiner la possibilité d'«affréter régulièrement des vols de retour communs» des clandestins.
La mise en œuvre serait confiée à l'agence Frontex de sécurité aux frontières ; en clair, cela instaurerait une coordination des politiques d'expulsion financée par l'Union européenne. Les vols groupés sont pour l'instant l'exception. Il y a une dizaine de jours, Londres et Paris ont affrété un charter en commun pour expulser 27 Afghans en situation irrégulière, dont trois venant de France - une première depuis 2005, qui a suscité de vives critiques.
La proposition européenne a donné pleine satisfaction à Nicolas Sarkozy, qui a parlé d'un grand progrès. Avec Silvio Berlusconi, le président français avait écrit la semaine dernière à la présidence suédoise de l'UE et à la Commission pour réclamer des réponses coordonnées au niveau des Vingt-Sept. «Quelqu'un qui n'a pas de papiers en règle, on doit le ramener chez lui. Avec dignité, certes, mais le ramener chez lui», a estimé vendredi à Bruxelles Nicolas Sarkozy, qui a aussi évoqué l'idée de gardes-frontières européens. Ou celle d'une «solidarité accrue avec les pays méditerranéens, dont nous sommes».
Mais l'idée des charters communautaires ne fait pas l'unanimité à Bruxelles. «À ce stade, on examine la possibilité de faire financer ces vols par l'Europe», expliquait-on vendredi à la Commission - une manière diplomatique de noyer le poisson. De son côté, le vice-président, Jacques Barrot, a averti que «l'Europe ne peut pas se substituer à chacun des États membres dans le rôle de gardien de l'ordre ».
En charge des questions d'immigration, M. Barrot devrait en revanche applaudir au partage du fardeau prôné par les dirigeants européens, qui est l'un de ses chevaux de bataille. Les Vingt-Sept ont en effet plaidé pour une «solidarité concrète et effective» avec les pays comme Malte et l'Italie, qui concentrent un nombre très élevé de clandestins.
Dernière piste évoquée : intensifier le dialogue avec la Libye sur la lutte contre l'immigration clandestine africaine. Là aussi la réaction des associations risque d'être vive, compte tenu des accusations récurrentes de violations des droits de l'homme faites au régime de Tripoli.
Claire Gallen, à Bruxelles
Le Figaro
31/10/2009
samedi, octobre 31, 2009
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