***Le fils du président se confie au Figaro. Puisant dans le passé de son père pour justifier son renoncement à la présidence de l'Epad, il se prépare à rebondir.
«Finalement, on ne m'a jamais autant reproché d'être le fils de mon père que depuis que je vais moi-même devenir père.» Entre deux coups de téléphone à sa jeune épouse, Jessica, enceinte de six mois, Jean Sarkozy a besoin de se confier, au lendemain de sa décision de ne plus briguer la présidence du quartier d'affaires de la Défense. 8 h 15, vendredi : celui que la presse nationale et internationale présente, depuis deux semaines, comme le «fils à papa» le plus célèbre de la planète affiche un calme olympien. Pas un signe d'exaspération. Pas un mot contre la presse et le «monde politico-médiatique» que le chef de l'État et les dirigeants de l'UMP ont cloués au pilori.
Chez Jean Sarkozy, rien de tout ça. Il n'est en guerre contre personne, il est «raisonnable», selon son propre mot. Assez «raisonnable» pour comprendre qu'il fallait jeter l'éponge plutôt que traîner comme un boulet cette élection à la tête de l'Établissement public d'aménagement de la Défense (Epad). «Bien sûr que c'est une épreuve, mais je ne vais pas mal. Je suis bien. C'est quand même une formidable opportunité pour apprendre. Bien sûr que des articles m'ont blessé, mais d'autres étaient vrais», confie-t-il au Figaro, juste avant de rejoindre l'hôtel du département à Nanterre (Hauts-de-Seine) où l'attendent plus de deux cents journalistes, venus du monde entier. Le fils cadet du chef de l'État dédramatise. À l'entendre, ce recul «n'est pas grave». «J'ai pris ma décision seul», assure-t-il. Jean Sarkozy admet pourtant qu'il a dû insister pour convaincre son président de père. «Je suis allé lui présenter ma décision mercredi soir. Il m'a dit : “Tu fais ce que tu dois faire. Je respecterai ton choix. Prends encore la nuit pour mûrir ton choix définitif.” Jeudi, je lui ai confirmé mon choix, poursuit-il. Il l'a respecté. Comme il l'a toujours fait pour mon frère et moi.» À l'Élysée, on oscille entre surprise et soulagement. Quelques heures plus tôt, Claude Guéant livrait encore cette consigne : «On tient bon sur la candidature de Jean.» Le tout sur fond de sondages inquiétants.
Sitôt actée sa décision de renoncer à la présidence de l'Epad, le fils du président s'est enfermé chez lui pour préparer le journal de France 2. Seuls sa femme, Jessica, dont le rôle semble avoir été déterminant, et son communicant Christophe Lambert sont, à cet instant, mis dans la confidence. À l'Élysée, Nicolas Sarkozy charge son conseiller Franck Louvrier d'avertir quelques personnalités, dont Brice Hortefeux, parrain de son fils, invité, par un curieux hasard du destin, le soir même sur France 2. «On a fait loge commune», raconte le ministre de l'Intérieur, «scotché» par la prestation de son filleul.
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"Je ne veux pas d'une victoire entachée de soupçons"
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L'ami de trente ans de Nicolas Sarkozy n'a pas été «tellement» surpris par le revirement. «Il avait déjà des doutes le week-end dernier, révèle Brice Hortefeux. C'est vrai que l'Élysée défendait la ligne dure. Jean n'a pas insulté l'avenir, il l'a préparé. Avec cette épreuve, il a pris du galon.»
«Je suis prêt à faire les sacrifices qu'il faut»
Jean aurait-t-il mieux appréhendé la situation que Nicolas ? Le fils a visiblement ramené tout le monde sur terre. Après la victoire de David Douillet lors de la législative partielle dans les Yvelines, le chef de l'État avait pris la tête d'une croisade contre les «commentateurs». Au même moment, Jean Sarkozy, lui, réfléchissait déjà à un retrait. Quel a été le déclic ? «Je ne pouvais pas m'enfermer dans une posture qui devenait un piège pour moi. Le soupçon était là. Injuste, mais il s'était installé. L'élection aurait été gâchée. On ne pouvait pas rester dans cette incompréhension sans en tenir compte», analyse-t-il avec lucidité.
Autour de lui, tout le monde n'a pourtant cessé de le pousser. Ses amis politiques des Hauts-de-Seine, pressés de se débarrasser de Patrick Devedjian. Les conseillers de l'Élysée, Pierre Charon (qu'il appelle «tonton») en tête. Et bientôt toute la droite, contrainte, bon gré mal gré, de justifier ce «népotisme» que dénonce l'opposition. Un comble pour un président qui a fait toute sa carrière en fustigeant les «héritiers» en politique. «Un Sarkozy ne renonce pas. Quand un poste se présente, il prend», lui répétaient les meilleurs copains de son père, au premier rang desquels figure Patrick Balkany, le maire de Levallois. «Je me suis demandé ce que mon père aurait fait à ma place. Lui aussi a connu les renoncements. J'ai repensé à 1999 quand il a renoncé à la présidence du RPR. Derrière, il a su rebondir. Tout ça m'inspire» , se rassure Jean Sarkozy qui n'envisage pas une seconde d'abandonner la politique. «Je vais bien sûr continuer. Je suis prêt à faire les sacrifices qu'il faut. J'ai ça en moi», prévient-il en concédant seulement qu'il est prêt à prendre son temps.
Dans l'immédiat, il refuse de répondre aux interrogations sur la suite de sa fulgurante carrière. Les régionales en mars ? La présidence du conseil général en 2011 ? Les législatives en 2012 ? Les municipales à Neuilly en 2014 ? Il préfère en sourire. En mettant son ambition en veilleuse, Jean Sarkozy a forcé l'admiration des ténors de l'UMP. Sa prestation télévisée a bluffé le monde politique, droite et gauche confondues. Sur sa page Facebook, le chef de l'État s'est dit «fier» de son fils, qui a «pris une décision sage et courageuse». «Cette prise de recul lui profitera beaucoup», a jugé François Fillon, très inquiet des dégâts provoqués par cette affaire dans l'électorat de droite.
Sur le petit écran, on croyait entendre son père. Même diction, mêmes intonations, en plus posé. À 23 ans, Jean Sarkozy a prouvé qu'il avait l'envergure d'un animal politique. Un proche de la famille affirme : «Jean parle comme son père mais pense comme sa mère.» Mêlant pudeur et sincérité, le conseiller général de Neuilly a déroulé son argumentaire tout en douceur. Avec ses cheveux courts et ses fines lunettes, il a un look plus adapté à sa fonction. «Je sais bien que je fais petit con», confiait-il avant l'été. Depuis, il a abandonné cette coupe de cheveux qui lui donnait des allures de prince de Monaco. Bientôt papa d'un petit garçon, il a saisi l'occasion qui lui était donnée pour s'émanciper de son père. Et se faire un prénom. La carrière politique de Jean Sarkozy ne fait que commencer.
Par Bruno Jeudy
23/10/2009
Le Figaro
***En effet, Jean Sarkozy est «raisonnable», et sa carrière politique ne fait que commencer....FELICITATIONS, 23 ans : MAIS...Tu es le meilleur...! l'AVENIR TE DONNERA RAISON...! "Une étoile est née"!!! Sincèrement!
A SUIVRE...!***
Bien à vous,
Morgane BRAVO
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