***Valérie Pécresse,
Eloignée des élus,Reine de l’absentéisme au Conseil Régional d'Ile de France, mais bien-entendu, tête d'affiche sondage à l'appui...
Par ALAIN AUFFRAY :
Enarque et diplômée d’HEC, la ministre de l’Enseignement supérieur s’est déclarée candidate à la candidature cet été, encouragée par une cote de popularité largement supérieure à celle de Roger Karoutchi. Un an plus tôt, elle avait refusé la mairie de Versailles qu’elle était quasi certaine de gagner. Agée de 41 ans et mère de trois jeunes enfants, elle avait mis en avant des raisons familiales pour expliquer ce renoncement. En réalité, Valérie Pécresse voulait surtout éviter l’étiquette «versaillaise catho» que beaucoup lui ont déjà collée, notamment dans l’entourage de son rival.
Tête d’affiche
Valérie Pécresse a une tête d’affiche. Blonde, jeune, elle compte sur son profil avenant pour séduire et sur son profil gouvernemental pour convaincre. Dans ses meetings avec les militants, la ministre de l’Enseignement supérieur ne manque jamais de rappeler qu’avec sa loi sur l’autonomie des universités, elle a «fait la réforme que tous les gouvernements rêvaient de faire». Une réforme «cruciale pour l’avenir de nos jeunes», insiste-t-elle. Un argument qui pourrait se retourner si la grogne des enseignants-chercheurs devait déboucher dans les jours qui viennent sur des blocages d’universités.
Pour la bataille des régionales, elle se fait fort de casser la «mauvaise dynamique» qui fait reculer la droite en Ile-de-France depuis dix ans. A la tête de la région, elle s’attaquerait, promet-elle, à la formation professionnelle et à l’apprentissage, «compétences exclusives des régions».«Vos enfants exerceront trois ou quatre métiers dans leur vie professionnelle», insiste la candidate, tout en dénonçant les «irresponsables» qui laissent des jeunes s’engager dans des formations à bac + 5 «pour finir à la caisse de supermarchés».
Candidate «de la vie quotidienne et des préoccupations immédiates des Franciliens», elle propose la création de 120 000 places d’apprentis et d’un fonds de soutien régional aux PME «stratégiques». Sans oublier le catéchisme sarkozien, en opposant la «réinsertion par le travail» à une gauche accrochée, selon elle, à «l’assistanat».
Sondage à l’appui
Certes, Valérie Pécresse ne peut pas, comme son rival, se prévaloir d’une amitié de plus de trente ans avec le chef de l’Etat. Mais en tant que responsable d’une des réformes phares du début de quinquennat - l’autonomie des universités -, elle espère pouvoir compter au moins sur la neutralité de l’Elysée.
Très attentif aux sondages, comme chacun sait, Nicolas Sarkozy peut difficilement négliger la candidate qui, à en croire plusieurs enquêtes concordantes, a le plus de chance de reprendre la région Ile-de-France aux socialistes. Cet automne, lors des journées parlementaires de l’UMP à Antibes (Alpes-Maritimes), Roger Karoutchi et son entourage ne cachaient pas leur consternation alors que circulaient les chiffres d’une «enquête confidentielle de l’UMP» très favorable à Pécresse. Ces fuites venaient «nécessairement» de l’Elysée. Sarkozy pouvait-il lâcher Karoutchi ? La question est restée sans réponse. Mais la ministre de l’Enseignement supérieur a bien compris que ces sondages étaient ses meilleurs soutiens. Elle en a fait réaliser un nouveau le mois dernier par l’Ifop qu’elle a mis en bonne place sur son site de campagne.
Eloignée des élus
Si la primaire en Ile-de-France était arbitrée par les élus locaux et les cadres de l’UMP, Valérie Pécresse aurait peu de chance de l’emporter. Aussi ne tente-t-elle pas de rivaliser sur ce terrain avec Roger Karoutchi. D’autant que les députés qui la soutiennent (Bernard Debré, Claude Goasguen…) sont souvent issus des beaux quartiers, ce qui conforte son image d’élue versaillaise. Elle ne court pas non plus après les soutiens de la famille chiraquienne, peu efficaces pour convaincre les militants. Elle a même dû fermement démentir une rumeur selon laquelle elle aurait réuni une brochette d’ultra-chiraquiens (Henri Cuq, Pierre Bédier…) pour lancer sa campagne.
La ministre de l’Enseignement supérieur n’a en revanche pas hésité à se prévaloir du soutien du cofondateur de l’UMP, Alain Juppé. L’ex-Premier ministre a même fait le déplacement jusqu’à Vélizy (Yvelines) pour dire aux militants son «admiration» pour celle dont il a «suivi les premiers pas». Au gouvernement, Yves Jégo, secrétaire d’Etat chargé de l’Outre-mer, est le seul à avoir soutenu celle qui lui paraît la «plus en phase avec l’opinion et la sociologie de l’Ile-de-France».
Reine de l’absentéisme
Elue au conseil régional depuis 1994, elle n’est pas la plus assidue. «On a dû la voir deux ou trois fois, et je ne me souviens pas l’avoir jamais entendue», confie Jean-Paul Huchon, président PS de l’exécutif régional. Valérie Pécresse n’a pas été vue à la région entre décembre 2006 et l’annonce de sa candidature à l’été 2008, confirme le collaborateur d’un élu UMP. Un peu délicat… A ceux qui lui reprochent son absentéisme, la ministre réplique qu’elle avait largement de quoi s’occuper au ministère de l’Enseignement supérieur. «Quand je fais quelque chose, je le fais à fond. J’ai été l’une des élues les plus assidues jusqu’à ma nomination au gouvernement. Devenue ministre, j’ai eu des contraintes d’agenda très fortes.», a-t-elle répliqué dans le Journal du dimanche.
ALAIN AUFFRAY
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