***Les Irlandais votent toujours deux fois. Une fois pour dire non, une autre pour dire oui. Ils l'avaient fait pour le traité de Nice ; ils ont recommencé pour celui de Lisbonne. Ils l'avaient repoussé, ils viennent de voter pour à 67 %. Comme s'ils n'avaient plus rien à redouter des institutions européennes. Comble du paradoxe, alors que l'Union, grâce au vote irlandais, est en passe de se donner un traité constitutionnel, son rôle politique s'évanouit.
Henry Kissinger, le Metternich américain, ironisait : «L'Europe, quel numéro de téléphone ?» Eh bien, au moment où elle peut enfin en avoir un, plus personne ne songe à l'appeler. Voyez le nouvel outil de gouvernance mondiale, voulu par Sarkozy, soutenu par Merkel, adopté par Obama : le G20. L'Europe y conserve un strapontin pour regarder ce qui se passe... Prépare-t-on la réforme du Conseil de sécurité des Nations unies : à qui veut-on donner un siège de membre permanent ? A l'Union européenne ? Non : à l'Allemagne, au Brésil, etc. Quel rôle l'Europe joue-t-elle dans l'avenir des relations israélo-palestiniennes, dans celui de l'Union pour la Méditerranée ? Quand se tient à Genève une rencontre des grandes puissances avec l'Iran, il y a six nations, pas l'Europe.
Explication : la crise a remis en selle les Etats. Ce sont eux qui ont garanti les banques, eux qui ont organisé la relance, eux qui ont joué les amortisseurs sociaux. La Cour constitutionnelle de Karlsruhe, dont l'avis était un préalable à la ratification du traité de Lisbonne par l'Allemagne, l'a elle-même précisé dans son arrêt : l'Union européenne n'est qu'une «association contractuelle d'Etats souverains». Adieu l'Europe fédérale. Si José Manuel Barroso a été si bien réélu à la tête de la commission de Bruxelles, c'est parce qu'il incarnait un pouvoir faible - et que l'Allemagne n'en voulait pas d'autre.
Alors, certains disent : quand l'Union, grâce au traité de Lisbonne, aura un vrai président et un vrai ministre des Affaires étrangères, tout changera. Mais de quel président parle-t-on ? Il sera l'élu d'un compromis, tenu par ses « parrains ». Imaginez un Tony Blair : quelle serait son autorité, lui ancien Premier ministre travailliste, alors que s'installerait à Londres un pouvoir conservateur ? Le comble du comble serait d'ailleurs que, la ratification du traité de Lisbonne ayant trop tardé, les électeurs britanniques ne finissent par le tuer. Bref, les Irlandais ont compris, en chasseurs de primes qu'ils sont, qu'à défaut d'être une puissance politique, l'Europe restait une caisse de compensation.
François d'Orcival
Le Figaro
09/10/2009
***En effet, à propos de "La réforme du Conseil de sécurité des Nations unies : à qui veut-on donner un siège de membre permanent ? A l'Union européenne ? Non : à l'Allemagne, au Brésil..." :
En fait, le Brésil n'est pas crédible pour avoir une place au CS des Nations Unies! Par contre, le Mexique, doit avoir un siège de membre permanent...Il est crédible : Le Mexique célèbre ses 200 ans d'Indépendance et ses 100 ans de Révolution en 2010...***
Bien à vous,
Morgane BRAVO
samedi, octobre 10, 2009
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