vendredi, avril 02, 2010
***Le Richelieu des écolos...France***
***Jean-Vincent Placé est l’anti-Cohn-Bendit, gardien de l’appareil des Verts contre la refondation de Dany. Portrait d’un homme-clé de la nouvelle gauche.
Le meilleur ennemi de Cohn-Bendit, c’est lui, Jean-Vincent Placé, numéro deux des Verts. "Il est très fort, il tient tout le monde par la barbichette, accuse Dany. C’est le Richelieu des Verts, il est sans foi ni loi, il se réclame de Mitterrand et de la ruse, tout ce que je déteste." Et Dany exprime ce qu’on entend si souvent, un portrait que Placé aime à entretenir, surjouant son personnage d’apparatchik en pantalon de velours côtelé. Evidemment, l’homme est plus complexe, petit orphelin coréen devenu cacique de la politique française. Pour comprendre Jean-Vincent Placé, il faut revenir à son adoption, le 23 juillet 1975.
"J’avais 7 ans et demi, je suis monté dans l’avion à Séoul, je ne comprenais pas bien pourquoi on m’enlevait de l’orphelinat, je ne savais pas où j’allais, j’ai atterri et là, j’avais une nouvelle famille, je n’avais jamais vu mon père et ma mère avant. J’ai couru après le monsieur de l’orphelinat, c’était dur, puis, je suis monté dans la voiture en route pour la Normandie." Le choc est rude, mais Jean-Vincent s’adapte à la vie d’une famille de la bourgeoisie normande et gaulliste. Il apprend le français en quatre mois et finalement rattrape son retard.
Tout vient de là, son amour des rites, de l’histoire de France, sa passion pour la stratégie militaire, son côté bourgeois, son obsession de se faire reconnaître de ceux qui ne lui ressemblaient pas. A la fac, à Caen, il étudie l’économie et le droit bancaire. Il découvre les militants de l’Unef-ID, souvent des jeunes socialistes réputés pour leurs manœuvres d’appareil. "Je les trouve un peu violents et parisiens, je suis bien dans ma famille en province, je suis différent, je ne suis pas tout blanc avec mon Barbour comme les autres étudiants, même si je suis attaché à ce look."
Un apparatchik au look bourgeois chez les babas cool
Ce n’est qu’à la fin de ses études que Placé rejoint les Radicaux de gauche, aux côtés de Michel Crépeau, le député maire de La Rochelle. Un deuxième père d’adoption pour le jeune Placé. "Michel avait ce côté 'charme discret de la bourgeoisie' qui me rassure." En juin 1997, Crépeau devient président du groupe RCV (Radical, Citoyen, Vert) à l’Assemblée nationale, un groupe charnière pour la Gauche plurielle.
Placé est son assistant parlementaire, il voit du beau monde et devient pote avec les jeunes écolos du groupe. Le 30 mars 1999, Michel Crépeau meurt d’une crise cardiaque en plein Hémicycle, Placé "a failli laisser tomber la politique". Il erre quelques mois puis décide de rejoindre les Verts.
L’apparatchik au look bourgeois détonne chez les babas cool, mais il arrive vite à se faire une place au soleil grâce au Cédis, le centre de formation des élus Verts, qu’il redresse en quelques mois. Il s’allie avec Cécile Duflot, jeune espoir écolo. A eux deux, ils réussissent à prendre la direction du parti et à le pacifier. Quand Cohn-Bendit lance Europe-Ecologie, Placé n’y croit guère, mais laisse faire. Aujourd’hui, il s’oppose au projet de Cohn-Bendit de ne pas présenter de candidat écolo en 2012: "Je suis pour l’autonomie de l’écologie et l’alliance à gauche au second tour, et je dis qu’il y aura un candidat écolo à la présidentielle. J’ai un corps de doctrine, ça emmerde les gens, et je suis efficace, ça les emmerde encore plus."
"Le gars avec qui je passe un accord peut dormir tranquille"
Pour Cohn-Bendit et la plupart des dirigeants d’Europe Ecologie, Placé est juste un arriviste qui cherche un poste de député ou de sénateur. Pas évident. A 25 ans, il s’était donné un but: être député avant 40 ans. Et pourtant, à 39, alors que le PS propose cinq postes de députés aux Verts, dont la 5e circonscription de l’Essonne pour lui, il fait voter contre l’accord. "Ce 13 mai 2007, je m’en souviendrai toujours, j’ai fait une de ces gueules ce soir-là, j’ai eu du mal à m’en remettre, mais je ne le regrette pas, les Verts valaient mieux que ça."
Lui qui aime tant qu’on le déteste est un partenaire loyal aux dires de tous ceux qui le côtoient. "Ceux qui le réduisent simplement au rapport de force passent à côté de Jean-Vincent, il a un projet politique et il est fiable", reconnaît le socialiste Claude Bartolone. "Mon père est un avocat normand, la parole donnée, c’est important. Le gars avec qui je passe un accord peut dormir tranquille. Pour le satisfaire, je peux même éliminer un petit gars à moi", revendique Placé. "Quand tu passes un accord avec lui, l’accord est respecté. Quand tu lui demandes un service, il le rend. Jean-Vincent ne peut pas perdre, au pire, il peut partager", prédit Jean-Luc Bennahmias, ex-patron des Verts passé au Modem. Voilà Cohn-Bendit prévenu, il ne sera pas facile de se débarrasser de Richelieu.
Cécile Amar - Le Journal du Dimanche
28 Mars 2010
****J.M. COLOMBANI INVITE : Jean-Vincent Placé...:
http://bit.ly/bHfgFx
A SUIVRE...! ;-)
Bien à vous,
Morgane BRAVO
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire