vendredi, décembre 19, 2008
*Le drapeau européen qui fâche en République tchèque*
***Le gouvernement tchèque a la vie dure. A deux pas de prendre la présidence de l'Union européenne (UE), le 1er janvier 2009, l'équipe du premier ministre, Mirek Topolanek, doit se contorsionner pour adoucir les foudres lancées, du haut du Château de Prague, par celui qui est devenu leur adversaire de cohabitation : le colérique et europhobe président Vaclav Klaus.
Le ministre tchèque des affaires européennes, Alexandr Vondra, a fait ses assouplissements à Paris, mercredi 17 décembre, invité par le club Grande Europe. "Le drapeau européen est dans mon bureau", a précisé le ministre, un tantinet gêné. Et encore : "Le sentiment européen ne se mesure pas au nombre de drapeaux."
Cette histoire de drapeau européen est un vrai poison. Pour le président Klaus, qui se voit en "dissident de l'Europe", c'est le drapeau-qui-rend-fou. Il est le seul chef d'Etat de l'UE à l'avoir banni dans ses murs et refuse obstinément de le hisser sur le Château de Prague. Cela lui rappelle les drapeaux soviétiques, a-t-il dit, au temps du rideau de fer.
Dans l'enceinte du Parlement européen de Strasbourg, mardi, le président tchèque a été sévèrement taclé. "Ce n'est à l'honneur de personne d'agir ainsi", a dit M. Sarkozy. "Nous avons été blessés quand tous les drapeaux européens ont été retirés des édifices publics. (...) On ne traite pas ainsi les symboles européens."
Il faut dire que Dany Cohn-Bendit, chef du groupe des Verts au Parlement, n'avait pas arrangé les choses, début décembre. En visite à Prague avec les autres chefs de groupe et le président du Parlement, Hans-Gert Pöttering, il avait apporté un minuscule drapeau européen au président tchèque, "en cadeau", pour tester sa phobie. Le test avait été positif.
"VOUS N'ÊTES PAS SUR LES BARRICADES"
Le petit drapeau posé devant lui, Vaclav Klaus n'a pas supporté les questions du député sur ses positions européennes. M. Klaus : "Personne ne m'a jamais parlé ici sur ce ton ! Vous n'êtes pas sur les barricades de Paris !" Il se tourne vers M. Pöttering : "Pouvez-vous interrompre M. Cohn-Bendit et donner la parole à un autre député ?" M. Pöttering n'en fait rien. M. Klaus : "C'est incroyable. Je n'ai jamais vu autant d'insolence ici." M. Cohn-Bendit : "Forcément, c'est la première fois que vous me rencontrez ici." M. Klaus : "La manière dont M. Cohn-Bendit me parle, c'est exactement comme parlaient les Soviétiques." M. Pöttering : "Comparer l'Union européenne à l'URSS est inadmissible !"
A Strasbourg, M. Sarkozy a ajouté du poil à gratter dans la cohabitation tchèque en présentant M. Topolanek, contre Vaclav Klaus, comme le gentil de la pièce : "Je me réjouis que le premier ministre Topolanek ait le courage de ne pas se laisser emporter par ces tendances."La présidence tchèque commence bien.
Marion Van Renterghem (à Prague et à Strasbourg)
Le Monde
19.12.08.
*Photo : Le président Tchèque Vaclav Klaus refuse d'hisser le drapeau européen en haut du chateau de Prague
AFP/MYCHELE DANIAU
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