mardi, décembre 16, 2008
***Le Président Sarkozy : "l'Europe m'a changé"***
***A quinze jours de la fin de la présidence française de l'Union européenne, l'heure du bilan a sonné pour Nicolas Sarkozy. Devant le Parlement européen, il a assuré qu'il avait gagné en "tolérance et en ouverture d'esprit". Et a souligné l'importance des nations au sein de l'Union. "On a tous les mêmes droits mais certains ont plus de devoirs que d'autres", a affirmé le chef de l'Etat en référence au couple franco-allemand.
Pour son dernier discours en tant que président de l'Union européenne, Nicolas Sarkozy a plaidé ce mardi devant le Parlement européen pour une Europe des nations, capable d'exister politiquement.
Le chef de l'Etat, qui présentait à Strasbourg les résultats du dernier Conseil européen et d'un semestre de présidence française de l'UE, a néanmoins insisté sur le rôle de la Commission européenne et du Parlement européen, alors que ce dernier doit encore se prononcer mercredi sur le paquet "énergie-climat".
"On ne construira pas l'Europe contre les Etats. Aussi Européens que vous soyez, l'Europe n'est pas l'ennemi des nations", a-t-il déclaré à l'adresse des parlementaires européens.
"Vouloir passer par dessus la tête de ceux qui sont élus dans leurs pays, ce n'est pas une erreur, c'est un intégrisme (...) Vouloir construire l'Europe contre les nations serait une erreur historique", a-t-il continué, indiquant qu'il avait essayé de "bouger" l'Europe en ce sens.
Nicolas Sarkozy a insisté à plusieurs reprises sur cette dimension au cours de la présidence française de l'UE, marquant un retour sur le devant de la scène européenne de l'idée gaulliste d'Europe des nations, et en a fait un élément central de son héritage à la tête des Vingt-Sept, au même titre que le renforcement de la dimension politique de l'UE.
"L'Europe est forte lorsqu'elle s'appuie sur des Etats forts et responsables (...) L'erreur est de croire qu'il faut des Etats faibles pour faire une Europe forte", a-t-il encore fait valoir lors du débat avec les députés européens.
"Faire de la politique en Europe, redonner aux Européens des choix politiques c'est bien ce qui manquait (...) La politique doit être de retour en Europe", a souligné le chef de l'Etat.
"Viagra pour gouvernements"
Pour ce faire, il estime que l'UE doit avoir des institutions stables et que les pouvoirs de la Commission et de son président doivent être renforcés.
"Plus il y a de commissaires, plus le rôle d'harmonisateur, d'animateur du président de la Commission se pose (...) Il y a besoin de quelqu'un pour fixer une ligne, pour fixer la doctrine", a-t-il fait valoir, considérant qu'un exécutif communautaire élargi demandait plus de leadership.
"La commission est d'autant plus forte que la présidence du conseil est forte (...) c'est à la présidence du conseil de prendre des initiatives politiques, la Commission a son rôle par ailleurs", a-t-il encore expliqué.
Réagissant à ces déclarations, Daniel Cohn-Bendit, a accusé le président français de réduire le Parlement européen à un "viagra pour gouvernements" et la Commission à "un secrétariat pour le Conseil (de l'Union européenne)".
Nicolas Sarkozy a laissé entendre à plusieurs reprises au cours des derniers mois qu'il envisageait le rôle de président de la Commission plus comme un gardien des traités que comme le leader d'un embryon de gouvernement européen - une perspective que confirme le maintien d'un exécutif à 27 et du principe d'un commissaire par Etat, acté vendredi lors du Conseil européen.
Enfin, la présidence française a marqué selon lui un retour aux commandes des grands pays de l'Union, qui "n'ont pas plus de poids mais plus de responsabilités".
"On a tous les mêmes droits mais certains ont plus de devoirs que d'autres", a-t-il déclaré, en référence notamment au couple franco-allemand, moteur historique de l'UE.
"L'axe franco-allemand (...), ce n'est pas un choix, c'est un devoir absolu. C'est un devoir à l'endroit du monde et un devoir à l'endroit de l'Europe. Nous devons marcher la main dans la main", a-t-il ajouté, estimant néanmoins que cette "amitié" n'était pas exclusive.
"L'Europe a existé"
Enfin, revenant sur les réalisations de la présidence française de l'UE, il a estimé que "l'Europe a(vait) existé" et qu'elle avait pris ses responsabilités, que ce soit sur la crise russo-géorgienne ou sur la crise économique.
Il a aussi souligné que sur ces différents sujets, tout comme sur le paquet "énergie-climat", les eurodéputés ont été "un élément décisif pour obtenir des résultats".
"La présence vigilante d'un Parlement déterminé à obtenir un accord sur le paquet 'énergie-climat' a été pour les chefs d'Etat et de gouvernement un puissant facteur de mobilisation", a-t-il insisté.
Les Vingt-Sept se sont mis d'accord ce vendredi de manière unanime sur les mesures devant permettre à l'UE de réduire de 20% ses émissions de gaz à effet de serre d'ici 2020.
"L'accord que nous avons scellé au Conseil européen, qui je l'espère sera voté par le Parlement européen demain, respecte les objectifs qui avaient été donnés (...) Vous en ferez ce que vous voulez", a-t-il lancé.
« L'Europe m'a changé »
Le président a par ailleurs défendu sa méthode énergique et volontariste de pilotage de l'Europe, qui a fait grincer quelques dents dans les capitales européennes et fait tanguer le couple franco-allemand.
"J'ai essayé de bouger l'Europe mais l'Europe m'a changé. Lorsqu'on a la chance pendant six mois de connaître et d'avoir à trancher des problèmes de 27 pays, on gagne en tolérance, on gagne en ouverture d'esprit", a-t-il confié devant les parlementaires.
Ravis, les chefs des groupes parlementaires ont presque tous attribué une bonne note à Nicolas Sarkozy. Celui du Parti populaire européen (centre-droit) Joseph Daul l'a remercié d'avoir fait "émerger une Europe politique", tandis que le socialiste Martin Schulz, qui a reconnu avoir eu quelques "doutes" au départ, le saluait pour s'être conduit "en partisan de l'Europe".
Une fois son mandat expiré, la France ne fera pas la politique de la chaise vide
S'il a crédité le Français d'une mention "bien", le chef du groupe libéral Graham Watson l'a lui invité à prendre un peu de recul et à être moins omniprésent sur la scène européenne à partir du 1er janvier.
"Vous n'avez pas besoin de tout faire, laissez le ministère des Finances à Jean-Claude Juncker et l'euro à Jean-Claude Trichet", a-t-il dit.
Mais l'invite de l'eurodéputé britannique a été fermement rejetée.
"Personne ne peut considérer qu'il serait positif pour l'Europe que la France fasse la (politique de la) chaise vide parce qu'elle exercé pendant six mois la présidence. Non ! Au contraire, je prendrai des initiatives", a prévenu Nicolas Sarkozy devant la presse.
Et de relancer sa proposition controversée de réunir plus souvent les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Eurogroupe.
"Il faudra d'une manière ou d'une autre que nous prenions l'habitude de parler d'économie", a-t-il estimé
L'EXPRESS
6/12/2008
***VIDEO : Intervention du président du Conseil européen au Parlement européen :
http://pfue-tv.ue2008.fr/ue/fo/fr/presidence/184
16-12-2008
PFUE
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