*** Malgré 192 000 emplois créés en 2006, la France est à la traîne de l'Europe
*En 2006, 192 000 emplois créés en France, le chiffre est bon, près de deux fois ce qu'il fut en 2005 avec 117 200 nouveaux postes. Soit une croissance de 1,1 % en 2006, pour un effectif global de 17 718 200 salariés au 31 décembre - le champ recouvre l'ensemble des secteurs concurrentiels, marchands (hors agricole) et non-marchand (hors emploi public : éducation, santé, administration, associatif). Mais cette performance révèle aussi un tassement en fin d'année 2006.
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L'Union connaît la plus forte progression depuis 2001
L'emploi a progressé de 1,6 % entre le quatrième trimestre 2006 et la même période de l'année précédente au sein de l'Union comme dans la zone euro, selon des chiffres publiés mercredi par l'office statistique européen, Eurostat.
Il s'agit de la plus forte progression depuis 2001, a précisé la Commission européenne. Mais de fortes divergences existent d'un pays membre à l'autre. Sur les dix-huit pays qui ont fourni à temps leurs données à Eurostat, la France a enregistré, avec la Hongrie, la progression la plus faible de l'Union (+ 0,9%). L'Espagne (3 %), l'Italie (1,5 %), l'Allemagne (1,2 %), et le Royaume-Uni (1 %) font mieux qu'elle. Le record est détenu par la Lettonie (+ 4,9%).
En 2006, 2 988 000 emplois ont été créés au sein de l'Union, dont 1 948 000 dans la zone euro, du fait de la bonne tenue de la croissance économique, qui a atteint respectivement 2,9 % et 2,7 %. - (Corresp.)
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Ce résultat intervient alors que l'Insee a été incapable de chiffrer de manière fiable le taux réel du chômage en 2006 et a reporté à l'automne la publication de ses données définitives. Le chiffre valide néanmoins une partie de l'argumentation de ceux qui, au gouvernement, mettent en avant la réalité de la baisse du chômage et de la reprise de l'emploi. Comment imaginer, répètent-ils qu'un nombre important d'emplois ait été créé sans aucune conséquence sur le chômage français qui a reculé, selon l'Insee, de 270 000 entre janvier 2007 et janvier 2006 ?
Ce chiffre de près de 200 000 emplois créés en 2006 est en phase avec une croissance moyenne de 2 %. En 2005, elle avait plafonné à 1,2 %. Ce qui fait dire au directeur général de l'Unedic, Jean-Pierre Revoil, que "les créations d'emplois sont bien en lien avec la croissance du PIB et que l'on retrouve la formule magique ou 0,5 point de PIB se traduit par quelque 50 000 emplois nouveaux". Selon lui, "il s'agit de la meilleure année depuis 2001".
L'Acoss (qui recueille l'ensemble des cotisations sociales) indique que la masse salariale versée par les entreprises du privé progresse de 1,5 % en 2006. Les effectifs progressent, eux, de 1,4 %, soit plus 252 000 nouveaux emplois.
La structure de l'emploi en France conserve les mêmes tendances et révèle les mêmes faiblesses. Le bâtiment reste la locomotive avec 54 700 postes créés (46 900 en 2005). Et l'emploi industriel continue de décroître. En un an, ce secteur a perdu 65 100 emplois, soit 1,7 % de recul, une perte légèrement inférieure au score 2005 (un recul de 2,2 % soit 86 700 emplois). "La France a perdu environ 1,4 million d'emplois industriels ces quinze dernières années et l'Allemagne près de 3,5 millions", ont rappelé les députés Jérôme Lambert (PS) et Jacques Myard (UMP), auteurs du rapport d'information parlementaire "pour le renouveau de la politique industrielle française et européenne" (Le Monde du 14 mars).
RALENTISSEMENT DANS LE TERTIAIRE
La progression des emplois dans le secteur tertiaire semble ralentir. L'emploi salarié n'y progresse que de 0,3 % au dernier trimestre 2006, soit 30 100 postes après 46 300 au troisième trimestre. Ce qui fait dire à l'économiste Nicolas Bouzou que "la spécificité française réside dans la faiblesse des créations d'emplois dans les services", tout en notant l'"augmentation sensible" (+3,5 %) dans le secteur des services à la personne. Autre déception selon lui, alors que la consommation est dynamique, l'emploi dans le commerce n'a progressé que de 0,7 % en un an.
Enfin, les créations d'emplois, telles qu'enregistrées par l'Unedic ou l'Acoss, ne disent pas la nature de ces emplois : ces créations sont "toute durée confondue", y compris à temps partiel. Le contrat nouvelles embauches (CNE) lancé par Dominique de Villepin à l'été 2005 explique une partie de la performance. Selon le cumul des intentions d'embauche en 2006, on arrive à quelque 505 800 CNE, dont 10 % environ correspondrait à des créations nettes d'emplois, 20 % si l'on intègre les "anticipations". Ce contrat jugé "précaire" par l'opposition avec sa période d'essai de deux ans, serait supprimé en cas de victoire de Ségolène Royal.
Rémi Barroux
Article paru dans l'édition du 16.03.07.
Le Monde
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