jeudi, mars 22, 2007
* Quel avenir pour l'Europe ?
*** Alors que l'UE s'apprête à célébrer le cinquantième anniversaire du Traité de Rome, dimanche 25 mars, les commentateurs s'interrogent sur les améliorations à apporter au modèle européen.
El País (Espagne)
Lluís Bassets, directeur des pages opinion du quotidien, ne voit pas d'avenir pour l'UE si elle ne parvient pas à réformer drastiquement son mode de fonctionnement. "Le vote à l'unanimité, exigé pour un grand nombre de politiques - énergie et politique étrangère, entre autres - est devenu un obstacle infranchissable, à tel point que si l'Allemagne ne parvient pas à le contourner pendant sa présidence, la déconstruction se produira. (...) Célébrerons-nous dans 50 ans le centenaire du Traité de Rome ? Y'aura-t-il alors quelque choses à fêter ? Y a-t-il des signes prémonitoires ? Le populisme europhobe rampant de la Pologne, les centrales nucléaires qui prolifèrent sur la rive Sud de la Méditerranée ou la concurrence chinoise face à Airbus qui s'annonce. S'il n'y a pas de changement de cap, quelqu'un célèbrera, peut-être à Moscou ou Istanbul, le centenaire d'une Europe en cours d'extinction, ou déjà disparue."
Die Zeit (Allemagne)
Autrefois, l'Europe passait pour une nécessité existentielle auprès des intellectuels, rappelle l'écrivain écrivain germano-iranien Navid Kermani. Quand est-il aujourd'hui ? "Si l'on recherche parmi les intellectuels allemands des défenseurs de l'idée européenne, on pense à, euh, Jürgen Habermas... à Jürgen Habermas... et aussi à Jürgen Habermas. En revanche, les Allemands sont devenus si naturellement européens qu'ils ne s'en rendent même plus compte. Plus l'Europe (de l'Ouest) vivra longtemps dans la paix, moins on aura conscience de la grandeur et du succès du projet d'unification. Ce qui faisant autrefois voler les frontières en éclat passe aujourd'hui pour des bavardages du dimanche, pire encore, un verbiage. Et il faut bien l'admettre, les subventions agricoles ne sont pas un sujet de conversation transcendant. Mais n'est-il pas merveilleux qu'un continent ayant engendré Auschwitz se querelle aujourd'hui autour des subventions agricoles ? Allons encore plus loin : oublions nos différends pour accorder des subventions agricoles aux Balkans, à l'Europe de l'Est et au Proche-Orient."
Corriere della Sera (Italie)
Lorenzo Bini Smaghi, membre du conseil d'administration de la Banque centrale européenne, met en garde l'Europe contre les erreurs qu'elle ne doit pas répéter. "Au-delà des cérémonies et des déclarations solennelles, l'Europe devrait profiter de l'occasion du 50e anniversaire pour donner une nouvelle impulsion au processus d'intégration, pour dépasser l'impasse de la Constitution et affronter les défis que lui posent la mondialisation (...). Les erreurs du passé ouvrent la voie à l'avenir : l'Europe ne doit pas oublier ses racines et ne doit pas se transformer en bouc émissaire de la mondialisation. Cela devrait être l'engagement des 450 millions de citoyens européens pour donner un sens à l'Europe des cinquante prochaines années."
The Guardian (Royaume-Uni)
Timothy Garton Ash, qui a crée le site internet europeanstory.net où les gens peuvent voter pour fixer de nouveaux objectifs à l'Europe, déplore un manque global "d'une sphère publique européenne" pour que les citoyens affirment et expriment ce qui compte à leurs yeux. "Le langage commun des sites de débats transeuropéens comme Opendemocracy.net et signandsight.com (mot d'ordre : parlons européen) est l'anglais - et c'est une limitation importante. (...) Et il n'y a pas de scène partagée de la politique européenne. Chaque pays a sa propre scène politique nationale : ici le Gordon et Tony show, là le Silvio et Romano show. Nous tous, dans nos différents langages européens, observons le mélodrame de la politique américaine avec attention. Nous suivons avec un intérêt mitigé l'opérette de certains grands Etats européens, comme l'élection présidentielle française en ce moment. Mais il n'y a pas de grand théâtre de la politique européenne que nous suivons tous. (Les mots Bruxelles et théâtre ne s'accordent pas naturellement). Alors l'UE cinquantenaire n'a pas simplement besoin d'une meilleure histoire à raconter. Elle a aussi besoin de trouver qui, dans quel langage, et avec quel moyen, la racontera."
Pravo (République tchèque)
Pour le Tchèque Vladimir Spidla, commissaire européen chargé de l'Emploi, des Affaires sociales et de l'Egalité des chances, le cinquantenaire du Traité de Rome est l'occasion de se livrer à un examen de l'histoire. "Le fait que Jean Monnet et les autres initiateurs du Traité de Rome se soient montrés beaucoup plus pragmatiques que les proeuropéens qui les ont précédés a contribué au succès du processus d'intégration européenne. Ils n'ont pas proposé une fédération européenne comme un produit final théoriquement parfait - sinon ils n'auraient rencontré aucun succès après la Seconde Guerre mondiale. Au lieu de cela, il ont promu l'intégration sous la forme d'un processus graduel constitué de nombreuses étapes pratiques."
COURRIER INTERNATIONAL
22/03/2007
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