*** À Caen, vendredi le candidat a répondu aux critiques sur son projet de créer un ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale
NICOLAS SARKOZY a remis ses idées au centre de la campagne. En annonçant sur France 2 son concept de « ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale », le candidat UMP a provoqué un beau tollé. Dès hier matin, la gauche, l'UDF et les associations de défense des droits de l'homme sont montées au créneau. Le socialiste François Hollande a dénoncé « un flirt poussé avec les thèses du Front national ». Le centriste François Bayrou s'est également ému : « Enfermer dans la même phrase immigration et identité nationale, je ne sais si vous voyez ce que ça cherche à évoquer mais je dis qu'il y a là une frontière franchie. » Au passage, le candidat UDF a ciblé Simone Veil qui vient de se rallier à Nicolas Sarkozy : « La Simone Veil que j'ai connue et respectée, je suis sûr qu'elle ne peut pas accepter cette approche. »
La Ligue des droits de l'homme s'est dite « scandalisée » tandis que le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié des peuples (Mrap) a fustigé une « idéologie raciste ». Jean-Marie Le Pen lui a ironisé sur « une petite opération de racolage sur les terres du Front national ».
Le candidat UMP, qui sait manier les mots, a bien sûr mûrement réfléchi à l'intitulé de son futur ministre de « l'Immigration et de l'identité nationale ». Sur le fond, sa proposition d'un ministère de l'Immigration est connue depuis longtemps. Le candidat veut regrouper un dossier éclaté aujourd'hui en trois ministères différents. Mais cette fois, il y a ajouté « l'identité nationale ». Une expression notamment utilisée par Jean-Marie Le Pen. Polémique garantie. En provoquant la gauche et les centristes, le ministre de l'Intérieur cherche, en fait, à reprendre la main. À provoquer le débat comme il a su le faire à tant de reprises il n'y a encore pas si longtemps. Bref, il veut redevenir le candidat de la transgression, de la rupture et, non plus, le candidat des notables. Son objectif est simple : relancer une campagne qui commence, selon certains de ses partisans, à ronronner.
Mais Sarkozy entend aussi bétonner son flanc droit au moment où Bayrou commence à mordre dans l'électorat modéré de l'UMP. Car l'écart se resserre dans les derniers sondages. Si Sarkozy continue de faire la course en tête - « je suis devant dans 41 sondages consécutifs, ce n'est pas rien » -, il anticipe d'éventuels nouveaux mouvements de l'opinion.
Le leader frontiste reste en embuscade
Au QG de campagne, on estime que la cote du candidat FN est sous-évaluée. Laurent Solly, le « M. Sondages » décrypte : « Le Pen est à 31 % de popularité (en hausse de 6 points) dans le baromètre Paris Match et le taux de sûreté de ses électeurs frôle les 80 %. » Il n'en faut pas moins aux sarkozystes pour considérer que le vieux leader frontiste reste en embuscade. « Le Pen est probablement plus haut que ce qu'indiquent les sondages. Trois ou quatre points de plus ne m'étonnerait pas », confie le porte-parole Xavier Bertrand, élu de l'Aisne, département où Jean-Marie Le Pen réalise de bons scores.
Convaincu que la présidentielle se jouera à droite, Nicolas Sarkozy préempte le thème de « l'identité nationale ». Anticipant ainsi une éventuelle défection de Le Pen au cas où il ne réunirait pas ses parrainages. Déjà, lors de son meeting à Cormeilles-en-Parisis (Val-d'Oise), Nicolas Sarkozy a déjà exalté, sous les applaudissements, cette « fierté d'être français ». Mais le candidat UMP a déjà prévenu qu'il entendait bien continuer. En meeting hier soir à Caen, il devait consacrer une grande partie de son discours à ce thème.
BRUNO JEUDY.
Publié le 10 mars 2007
Le Figaro
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