mercredi, décembre 30, 2009
* La nouvelle direction européenne à l'épreuve...*
***La cohabitation s'annonce délicate. Aux commandes de l'Union européenne pour six mois, José Luis Zapatero va devoir composer avec les deux personnalités mises en piste par le traité de Lisbonne : le président du Conseil stable européen, Herman Van Rompuy et la haute représentante pour les affaires étrangères, Catherine Ashton. Ce trio va oeuvrer dans une Europe en transition institutionnelle.
Mi-novembre, Herman Van Rompuy et Catherine Ashton se sont rendus tour à tour à Madrid pour fixer les rôles de chacun. En principe, le traité de Lisbonne, entré en vigueur le 1er décembre, donne au binôme désigné par les Vingt-Sept la prééminence sur la présidence tournante espagnole.
Herman Van Rompuy, qui prend ses fonctions lundi 4 janvier à la tête du Conseil européen, est chargé de coordonner les travaux des chefs d'Etat et de gouvernement. En concertation avec Lady Ashton, qui présidera quant à elle les réunions des ministres des affaires étrangères, le Belge est censé devenir le porte-parole des Vingt-Sept sur la scène diplomatique internationale. "Il n'y a aucune concurrence entre les autorités espagnoles et les nouvelles institutions", a assuré Miguel Angel Moratinos, le chef de la diplomatie espagnole.
La présidence tournante n'en reste pas moins incontournable. Les ministres de M. Zapatero vont continuer à présider les conseils des ministres spécifiques - finances, affaires intérieures, environnement, etc. Or ces instances vont jouer un rôle crucial sur des dossiers comme le climat, l'immigration ou la crise économique, qui figurent parmi les priorités du moment, et de l'Espagne.
M. Moratinos n'entend de surcroît pas laisser la vedette à Mme Ashton sur les questions internationales où il estime disposer d'une certaine expérience : le Proche-Orient, les relations avec l'Amérique latine, et les pays méditerranéens. Moins affûtée, la Britannique va devoir se concentrer sur la création du service extérieur commun, l'une des grandes innovations du traité, qui fait l'objet d'une lutte de pouvoir entre la Commission, les Etats et le Parlement européens.
Marquer son territoire
De plus, M. Zapatero n'a pas manqué d'organiser une série de rendez-vous internationaux sur le territoire de son pays : les sommets avec les Etats-Unis, l'Amérique latine ou le Maroc devraient permettre au premier ministre espagnol de se rappeler au bon souvenir de M. Van Rompuy, même s'il est convenu que c'est ce dernier qui présiderait ces réunions. "Le programme espagnol a été préparé alors que l'incertitude continuait de régner sur l'entrée en vigueur du traité de Lisbonne", justifie un haut responsable madrilène. Echaudé, l'ancien premier ministre belge, dont le pays prendra opportunément la relève de l'Espagne au 1er juillet, a d'ores et déjà prévenu : les sommets avec des pays tiers devront dorénavant se tenir... à Bruxelles.
M. Van Rompuy va mettre à profit les premiers jours de 2010 pour poursuivre sa tournée des capitales européennes, en se rendant en Espagne, puis en Grèce, à Chypre, à Malte et en Allemagne. A ses interlocuteurs, il explique qu'il entend agir selon "la lettre et l'esprit" d'un traité qui lui confère, sur le papier, peu de pouvoirs : il ambitionne de muscler les travaux des Vingt-Sept pour mieux défendre leurs intérêts, que ce soit dans le cadre des négociations climatiques, ou lors des réunions du G20 et du G8.
M. Van Rompuy a prévu de rencontrer une fois par semaine le président de la commission européenne, José Manuel Barroso, lui aussi soucieux de marquer son territoire. Le Belge a déjà convoqué un sommet informel sur l'économie, qui pourrait se tenir le 10 ou le 11 février à Bruxelles.
Le rendez-vous ne figurait pas sur les tablettes espagnoles. "Elu pour deux ans et demi, le président stable du Conseil a la durée pour lui, tout le monde a compris qu'il resterait en fonctions au-delà de la présidence espagnole", dit un diplomate.
Philippe Ricard
LE MONDE
31.12.09
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