vendredi, avril 27, 2007
*Sego et Sarko vus par les Américains*
*** Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal au miroir de la presse américaine. L'un passe pour un politicien sans foi, ni loi; l'autre pour une incompétente. Revue de détails.
« A-t-il la carrure d'un président et elle l'expérience nécessaire pour assumer la plus haute fonction du pays ? » : dès lundi, l'agence d‘information financière Bloomberg se faisait le porte-parole des réserves de l'ensemble de la presse américaine à l'égard des « deux finalistes français ». Le New York Times s'étonne ainsi, avec une bonne dose de méchanceté, d'un duel qui oppose « un candidat de droite suggérant que la pédophilie est génétique » à une « socialiste qui n'a pas l'air de savoir que les talibans ne dirigent plus l'Afghanistan ». Business Week enfonce le clou : « les deux candidats suscitent des doutes quant à leur qualification pour le job. Sarkozy apparaît souvent comme un politicien sans foi ni loi, uniquement motivé par son ambition personnelle, et trop arrogant pour diriger le pays. Royal manque d'expérience et elle ne semble vraiment pas présidentiable, comme l'ont prouvé ses multiples gaffes en politique étrangère ». Et l'hebdomadaire économique de rappeler la sortie de la candidate socialiste « vantant le système judiciaire chinois comme efficace et rapide » lors d'une visite à Pékin.
Si les tabloïds, comme le New York Daily News, sont souvent charmés par « la coiffure impeccable et les petits tailleurs chics » de « Miss Royal »- fort bien faite « bien que mère de quatre enfants »- elle ne suscite guère l'admiration des observateurs outre-Atlantique au-delà du look. Le San Francisco Chronicle juge sa campagne pour le premier tour tellement “inepte” que « ce n'est plus la question de son sexe mais bel et bien de sa compétence qui se pose ». « Elle est tellement évasive sur les réformes économiques nécessaires qu'on se demande si elle a un programme dans ce domaine », poursuit le plus important quotidien californien. Le Chicago Tribune lui reproche plutôt de « ne pas expliquer comment elle financera toutes les mesures sociales de gauche » qu'elle préconise. De manière plus attendue, le très conservateur Washington Times juge Ségolène Royal « pas trop intelligente mais vraiment mignonne et typiquement française » dans sa tendance à conspuer les capitalistes. Le quotidien estime Nicolas Sarkozy moins stéréotypé : « fils d'immigrant, non énarque et fervent admirateur des Etats-Unis, il est un personnage atypique dans le paysage politique français». La plupart des journaux adhèrent également à son programme « radical, pro business et pro américain ».
A tout prendre, la presse américaine voterait plutôt Sarko précisément en raison de son atlantisme, qui contraste avec la haine supposée de Ségolène envers la « superpuissance américaine ». Juste avant le premier tour, le New York Times décrivait l'accueil triomphal réservé à la socialiste lors d'un meeting à Toulouse lorsqu'elle martelait « que nous ne nous confondrons pas en génuflexions devant George Bush ». Vexé, le journaliste du prestigieux New Yorker qui n'a pas réussi à la rencontrer dans le cadre de son portrait fleuve note avec perfidie : «elle parle encore moins aux journaliste qu'aux autres socialistes et se méfie particulièrement de la presse américaine. Peut-être parce qu'elle n'a pas encore décidé de ce qui devrait être l'attitude du président français potentiel vis-à-vis des Etats-Unis ». A l'opposé, le San Francisco Chronicle admire d'autant plus le penchant clair et net de Sarkozy pour l'Amérique qu'il est loin de constituer un atout de campagne : « on le traite souvent de néo-conservateur américain avec un passeport français et de larbin de George Bush ». La conclusion du Washington Times résume l'état d'esprit général : « les Français rendraient un grand service à l'Amérique, et plus globalement à l'Ouest, en élisant Sarkozy à la présidence ».
Isabelle Lesniak, à New York
L'Expansion
27/04/2007
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